DERNIERES CHRONIQUES

         


16 novembre 2014

Le regard des princes à minuit - «Je vais te dire quelle est la plus grande vertu. C'est la vérité, oui, il faut la vérité avant toute chose. Quand un homme ment, c'est une part de notre monde qu'il assassine».




Être un véritable chevalier, aujourd'hui, est-ce encore possible?
À travers sept épreuves initiatiques, des jeunes se lancent dans l'aventure : une expédition nocturne dans la forêt de Brocéliande, l'escalade de la façade de Notre-Dame en cordée, l'intensité d'un combat à mains nues, la découverte d'une danse oubliée avec une cavalière sensuelle... 
Autant de façons de vibrer, de prendre position dans la société, de dire NON.


Certains livres donnent envie de se lever et d'agir. De prendre sa place dans la société. De reprendre sa vie en main. De se donner des objectifs et de les atteindre. Ils redonnent de l'espoir et raniment le feu. Je parle ici en tant que jeune, qui dans quelques années va voter, faire des études supérieures, voyager ailleurs, rencontrer de nouvelles personnes, découvrir le monde du travail, se marier, fonder une famille, s'engager localement ou à l'étranger, devenir vieille. J'essaye au maximum d'éviter les clichés, mais comme je ne sais pas de quoi sera faite ma vie, je considère tout. Comme tous les jeunes. Ce qui ne veut pas dire que l'enfance et la jeunesse sont des périodes vides, creuses, dans l'attente de notre vie. 
Cette jeunesse est un âge magnifique, où l'on pense, où l'on se construit, où l'on découvre, où l'on vit. On peut être découragé parfois, avec l'impression d'être écrasé par un monde trop lourd, trop violent, trop fermé. Effrayé devant les multiples choix qui s'offrent à nous, ou encore impuissants face aux conflits et aux injustices. Et sans se projeter dans quelques années, on peut aussi, au quotidien, se demander ce qu'on fait là. Pourquoi sommes-nous si seuls au milieu des autres. On refait le monde, on écrit nos pensées, on vit avec intensité. On attend d'être adulte, avec impatience parfois. On regarde en arrière, avec un peu de nostalgie, cette enfance heureuse que l'on regrette peut-être. Mais on savoure notre âge aussi. Les premiers émois, les premières fois. La fougue. Les envolées. On est jeune, tout simplement. Encore une fois, l'âge adulte peut aussi avoir ces envolées et cette fougue ! L'âge en années n'a rien à voir avec l'âge de l'esprit. 
La jeunesse est une époque magnifique. Vraiment. Avec "Le regard des princes à minuit", Erik L'Homme écrit cette jeunesse pleine de rêves, d'espoirs, d'attentes, de vigueur, de passion. La vie devant nous. 

Le livre est court, 144 pages, mais c'est une petite merveille. Sept histoires, sept existences entremêlées que l'on met en parallèle avec le conte moyenâgeux de la Quête des Sept Bacheliers, pleine de belles valeurs et de nobles actions. Vous la connaissez, cette expression "on n'est plus au Moyen-Âge !" que vous avez peut-être prononcée un jour comme je l'ai fait aussi. Je ne veux pas revenir à cette époque, mais il faut reconnaître qu'elle n'était pas seulement remplie de rustres et de brutes comme elle nous l'est parfois présentée. Le Moyen-Âge et notamment la chevalerie prônaient un grand nombre de belles valeurs que l'on retrouvaient dans l'art et la littérature avec le fin'amor (ou amour courtois). Et bien qu'elles n'aient pas toujours été respectées, ces vertus chevaleresques étaient belles, louables. Et elles sont le point de départ de ce livre. Erik L'Homme reprend donc le conte des "Sept Bacheliers et l'épreuve périlleuse" qui aurait été écrit par Cosme d'Aleyrac en 1190 mais dont je n'ai pu retrouver la trace. 

En route...

La première histoire se vit au rythme d'une mazurka, cette danse langoureuse venue de Pologne. C'est une parenthèse au charme désuet, un petit éclat de rêve. L'union respectueuse de deux corps qui s'abandonnent par la danse. Un-deux-trois un-deux-trois un-deux-saute un-deux-trois. On retrouve une beauté qui n'a pas été souillée par la saleté d'arrière-pensées. Mais ce n'est pas une pureté immobile et poussiéreuse. Non, Erik L'Homme rend la scène surréaliste… vivante. Drôle. Elle tire un sourire et inspire le respect. Elle nous arrache au quotidien et nous emmène ailleurs, sur un parking désert, au son d'un accordéon. Erik L'Homme joue avec Arnaud, son premier personnage, un peu perdu et très touchant. Poésie d'une danse et d'un instant et de paroles. Faustine, dans sa robe rouge, danse, rit, guide. Ils échangent. Amour délicat, fugace, naissant. L'instant juste avant lequel le crayon se pose sur la feuille pour écrire ou dessiner… et l'instant où il touche le papier et esquisse des traits. La scène a une beauté d'un autre temps. Et une première valeur est énoncée : "Honore et aime toutes les femmes.

"La chanteuse lança un dernier couplet : "Quand les corps s'enlacent, instants de grâces, moments fugaces…" " (P. 28)

La deuxième histoire nous entraîne au coeur de la forêt de Brocéliande. Un feu, la canopée, les bruits de la nuit et deux amis qui devisent avec espérance… La scoute que je suis connaît le froid, la fumée du feu qui imprègne les tissus, les doigts engourdis, les brindilles, les braises rougeoyantes, la nuit dans hôtel aux centaines de milliards d'étoiles… Je crois que c'est cette scène qui m'a le plus marqué. Deux amis qui parlent de leurs vies. Qui comprennent qu'il manque quelque chose à leur quotidien. La page 43 est l'une des plus fortes qu'il m'ait été données de lire et si je ne la retranscrit pas, c'est pour que vous puissiez la lire, vous-même, avec ce livre dans les mains… La forêt bruisse doucement autour d'eux, et quelle forêt que cette Brocéliande enchanteresse où réside l'essence des mythes celtes ! La nuit est propre aux confidences. Les amis livrent leurs âmes avec confiance et abandon. La vie est devant eux, pleine de promesses et de choix à faire. Chuchotements. Silences. Paroles. Réflexion sur la tolérance, mais pas ces discours creux et interminables. Les jeunes hommes se revigorent auprès du feu mais aussi en parlant vraiment. Vie. Et Vladimir énonce la deuxième valeur : "Médite sur toi et sur qui tu es." On se cherche, on se questionne, on se remet en cause. On se forge, on s'imprègne, on s'inspire. On se devient. 

"On a quitté la Vallée-des-Portes, dit Vladimir à voix basse pour ne plus déranger la nuit." (P. 40)

La troisième histoire m'a touchée différemment des premières. Elle a quelque chose de rocambolesque, qui rompt un peu avec la poésie des deux premières scènes. Ou qui du moins, diffère de la délicatesse de ces deux premiers chapitres sans âge. Mais c'est aussi l'une des plus philosophiques et même des plus complexes ; Hervé et Patrick vont dégrader une antenne relais afin de couper les habitants de la télévision : ainsi, ils passeront une soirée sans écrans, en retrouvant la chaleur d'une discussion ou le velouté des pages d'un livres… Et cet acte pose la question de l'obéissance à la loi, de la rébellion, de la relativité des mots sur lesquels il est si facile de jouer. Mais surtout, elle parle de la différence entre vérité/mensonge et vrai/faux, de l'influence de la télévision sur nous, qui devons apprendre à garder un oeil critique et avisé. Erik L'Homme nous invite à créer notre propre imaginaire, qui soit nourri et inspiré par des sources variées. Loin de nous ce mensonge, cette déformation de la réalité qu'offre la télévision. On retrouve indirectement cette question que l'on se pose quand l'adaptation d'un livre qu'on n'a pas lu sort au cinéma : doit-on lire d'abord le livre ? Doit-on d'abord voir le film ? En ce qui me concerne, je commence par lire le livre, pour me faire ma propre idée des personnages, de l'histoire et des scènes. Pour ne pas découvrir quelque chose avec un filtre, celui des choix scéniques du réalisateur par exemple. Alors bien sûr, on ne découvre presque jamais les choses sans a-priori : le simple fait de lire cette chronique vous donne une opinion sur ce livre dont je vous parle et que vous n'avez pas encore lu. D'ailleurs, libre à vous de vous arrêter de lire cet avis. Vraiment ! Et en extrapolant, on retrouve un thème abordé dans l'histoire. La liberté ! Où commence-t-elle ? Ou s'arrête-t-elle ? En parlant de liberté, on peut parler des engagements, des choix qui lient, de l'influence que l'on reçoit. Je n'en écrirai pas plus mais c'est intéressant à méditer. Une belle surprise de ce chapitre, c'est la description d'Internet faite par Patrick : "ce joyeux bordel débordant de vie, ce grand n'importe quoi dans lequel la vérité trouve encore de l'espace pour s'ébattre." Et la réaction d'Hervé, qui appartient selon moi à un passage clef : "Je ne m'attendais pas à ce que tu défendes Internet (…) Je m'attendais plutôt à une apologie des livres." Ce à quoi Patrick répond "L'un n'empêche pas l'autre. Mais tu as raison, les livres aussi constituent un antidote aux sortilèges de la télévision." (P. 65) Ce dialogue dans lequel s'affrontent et se croisent les opinions opposées des deux amis, ressemble à une dissertation. Et elle est vraiment intéressante. Et nous découvrons notre troisième valeur : "Sois bon avec les faibles et fier avec les puissants.

"La personne, c'est l'individu sorti du troupeau, qui pense et agit par lui-même." (P. 66)

L'histoire suivante sent la sueur et les tatamis. Des combats, de la fight, où se côtoient les instincts intrinsèques et la surveillance d'un arbitre attentif. Cette histoire m'a rappelée le tableau de Magritte, La Trahison des images, d'ailleurs évoqué dans l'histoire précédente. Un lien s'esquisse entre ces sept scènes, mais nous en reparleront plus bas. Quel rapport entre "Ceci n'est pas une pipe" et des combats en sous-sol ? J'ai beau vous en parler, vous le décrire du mieux que je peux et Erik à plus forte raison, ce combat, il faut le vivre pour le saisir. Et tous les mots du monde ne vous donneront qu'une image du combat. Du corps-à-corps. "L'éternelle confrontation, le choc de la chair. Le retour au réel." (P. 83) Ce combat n'est pas du catch, simulé et surjoué. Peu de mots, ils suffiront j'espère à vous faire saisir la chose. Sueur. Coup. Défense. Instinct. Authenticité. Mise à nu. Echange. Personnes. Rencontres. Respect. Être. Le combat nous met face à nous et face à l'autre. Pas de fuite, à part la fuite en avant. Il révèle un désir d'authenticité, un retour à la source. Qu'il est fort cet Erik L'Homme, de réussir à nous faire regarder ce que, peut-être, nous pensions bestial et violent, d'une manière différente : nous savions qu'il y avait dans la lutte des règles, une culture (encore plus poussée avec les arts martiaux), un respect fort de son adversaire. Mais peut-être que l'essence du combat nous échappait. "Espace de vérité" (P. 83). Et ce combat physique peut nous entraîner à un combat pour rester fidèle à nos valeurs, nos idéaux, comme le montre cette quatrième vertu chevaleresque : "Montre du courage et bataille contre l'injustice." Suivie d'un prosaïque "Jolie phrase." (P. 86) Mais attention, ni moi ni ce chapitre ne faisons l'apologie de la violence, soyons clairs ! En outre, les combats ne sont pas tous des coups donnés. On peut se battre et faire mal avec les mots. 
Ce chapitre, lisez-le ! Vous le vivrez déjà plus. Vous comprendrez. Il est ardent et plein de passion. 

"Bienvenue chez les vivants." (P. 82)

L'histoire suivante est dans la continuité de ce corps-à-corps avec la vie. Cette fois, il s'agit de l'ascension de ce qu'Hugo qualifiait de "vaste symphonie en pierre" (Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, Paris, 1831, Edition Nationale, Livre III, chapitre 1), la cathédrale Notre-Dame qui fête ses huit cents cinquante ans. Et pour célébrer cet évènement, un groupe de jeunes décide de l'escalade en pleine nuit, non comme Alain Robert qui grimpe sur les gratte-ciels à mains nues, mais solidement sanglés et assurés. Malgré les lanières, le vertige les ramène, pour certains, à une peur qui prend au coeur. Mais qu'est-ce que je fais là ? Echo d'une peur plus métaphysique. Mais qu'est-ce que je fais là ? La pierre sous les doigts, les saillies de l'imposante Dame de pierre. Réalité. Ce passage m'en rappelle un autre, où un autre jeune homme avait escaladé la cathédrale. Un héros libre lui aussi. Mais un héros en fuite. Vango. Ici on ressent… Adrénaline. Peur. Ambiance. Urgence. Et au sommet, ivresse. Fierté. On s'est dépassé. Et c'est plus que de simples mots. C'est le choix, à chaque instant, de saisir une saillie, plus haut. De défier le vide. Non de faire disparaître sa peur, mais d'être plus forte qu'elle. "Ne regarde pas en bas, regarde là où tu veux aller." (P. 98) Ce conseil, on me l'a aussi donné en danse : "Quand tu tournes, regarde là où tu veux aller." Il faut savoir à la fois cueillir chaque instant, le savourer parce qu'il est unique, chaque seconde, cette respiration que vous venez de prendre, goûter l'air et le présent. Même s'il faut aussi savoir "regarder là où tu veux aller". Non, ce n'est pas paradoxal. Récemment, je me suis rendu compte que quoi que l'on prévoit, quelque chose d'autre se produit ou interfère. Systématiquement. Prévoir sur le long terme peut être rassurant. Mais c'est beau de se dire que l'aventure, l'imprévu, va aussi s'installer. Des rencontres que l'on n'attendaient pas et qui nous changent du tout au tout. Et le passé, me demandez-vous ? Le passé ne s'efface pas dès lors qu'il devient du présent ! Il nous sert à apprendre, à nous compléter, à se remémorer les bons moments.  Le passé est essentiel. C'est notre héritage. "Respecte l'héritage de tes pères…" nous dit la cinquième vertu.
Dans ce chapitre, la beauté d'une nuit à nulle autre pareille. Les étoiles au-dessus, le vide en-dessous, et le seul lien c'est cette pierre sous nos doigts et cette corde qui nous relie les uns aux autres. Jolie symbolique, non ? Ou alors c'est moi qui, creusant un peu trop, voit le ciel comme ces questions métaphysiques, la pierre comme notre Histoire et notre culture, le vide comme ce qui nous donne envie d'avancer, et les autres… dont on a toujours besoin. 

"Cette nuit restera gravée dans ta mémoire, crois-moi." (P. 98)

Le dénouement se profile dans cet avant-dernier chapitre. Mais je ne vous en parlerai pas afin que vous le découvriez vous-même… Il achève de tisser ce lien entre les chapitres précédents. Car vous pouvez vous demander, comme je me suis posé la question, pourquoi avoir rassemblé autant d'histoires disparates au sein de ce recueil ? Nous avons retrouvé en elles des thèmes communs : la vie, les choix, la liberté, l'avenir, la jeunesse, les vertus chevaleresques, la confrontation avec soi, la réalité, l'authenticité… Mais aussi la présence d'un "apprenti"et d'un "guide". D'un "bleu" et d'un "expérimenté". L'âge ne rentre pas forcément en ligne de compte. C'est d'expérience dont on parle ici. 
Un dernier mot… Ce livre est une quête initiatique. D'où le parallèle avec ce conte des "Sept bacheliers", qui devaient avant d'être adoubé, parcourir le monde et appliquer les vertus qu'ils s'engageraient à vivre… 

En route...

J'ai retrouvé avec bonheur la plume d'Eric l'Homme et son talent, son imagination, qui m'avaient captivée dans la lecture de la saga "Phaenomen". C'est puissant. Ardent. Passionné. Et c'est aussi pour cela que la jeunesse n'est pas une question d'âge. Comme l'a si bien dit Yoko Ono, la femme de John Lennon, "Certaines personnes sont vieilles à 18 ans et d'autres jeunes à 90 ans… Le temps est un concept inventé par les Hommes." Erik L'Homme a cette passion caractéristique de la jeunesse. Il n'a plus 18 ans, mais - et je ne prétends pas le connaître ou dresser une analyse psychologique de comptoir - il est jeune. Son texte l'est. Il a compris nos interrogations, nos passions, nos envolées, notre fougue. Et ces personnages sont nous. Ils ne m'ont pas spécialement marquée en tant que personnages - et puis il est dur de complexifier un protagoniste en peu de pages - mais parce qu'ils sont nous. Ils sont n'importe qui. Vous. Moi. Et cette manière qu'a Erik de saisir les choses et de les partager en peu de mots..."Cheveux roux, jolis sourire." Quatre mots, et pourtant une image s'est dessinée en nous. Sortie de notre imaginaire, elle est unique et propre à chacun, parce que nous n'avons pas les même sources ! On revient à ce désir d'un imaginaire foisonnant et vivant. 
On trouve en début de livre une sorte de préface écrite par l'auteur. Je la relis à la fin - je lis souvent les préfaces après le livre afin de me faire ma propre opinion de celui-ci. Puis je relis ou re-parcours le livre, avec cette compréhension, cette approche nouvelle - et je me rends compte que je n'ai pas tant mis l'accent sur ce lien entre les histoires. Ma chronique les analyse une par une, à la suite les unes des autres, en établissant peu de connexions entres elles. Mais dans chacune de ces histoires, Erik a dressé le portrait de jeunes insoumis. Qui se sont extirpés d'un système de formatage. Ils ne sont pas nécessairement marginaux, mais ils vivent vraiment. Ils réfléchissent par eux-même et s'interrogent sur le monde qui les entoure. Ils font leurs propres choix. Ils refont le monde. Comme nous. Ardente jeunesse ! Et voilà que je parle comme si j'en étais sortie, alors que non, je suis au coeur de cet âge splendide ! C'est incroyable d'avoir le choix, d'avoir cette passion, cette énergie ! C'est fou ! Gardons cette force. Elle se tempèrera avec l'âge, mais ne devenons pas aigris et brisés. Soyons des hommes et des femmes debout.

Safran






Erik L'Homme passe son enfance dans la Drôme provençale, proche de la nature et des livres. Il fait des études d'histoire, et après l'obtention de sa maîtrise, part à la découverte de l'Asie.Son premier livre parle de la langue et de la culture d'un ancien peuple vivant entre Pakistan et Afghanistan.
Aujourd'hui, il est de retour dans la Drôme à Poët-Laval, et partage son temps entre journalisme et écriture de romans.
(Babelio)




Le regard des princes à minuit, écrit par Erik L'Homme et paru le 6 Mars 2014 aux éditions Gallimard Jeunesse (collection Scripto). 144 pages, 7, 65 euros.


Un coup de coeur musical en lien avec le livre ?

I Lived (One Republic, Native,  Polydor, Interscope Records, 2013)





2 septembre 2014

Deux ans - "Chacun doit vivre sa propre vie, une vie réelle, et pas une vie par procuration ou par imitation." (Erik L'Homme, Le regard des Princes à minuit)

Le blog a deux ans aujourd'hui. 



Je m'en suis souvenu hier. 
Emotion.

Deux ans ce n'est pas grand chose. C'est le début. Mais c'est beau les débuts, c'est prometteur. 
Je ne ferai pas un long article plein de bonnes résolutions, parce que c'est en actes et non en paroles qu'elles se voient. Simplement, merci. 
Merci de votre présence, de vos encouragements, de votre bienveillance, de votre gentillesse. Si le blog est là, deux ans après, parmi la foultitude des blogs littéraires, parmi ce foisonnant univers qu'est Internet, si Coffee & Books demeure, c'est grâce à vous. 

Et ça vaut bien un immense merci. 

*

Afin de faire le point au bout de deux ans et de contribuer à l'amélioration du blog, les plus hardis peuvent répondre à ce questionnaire ! Il vous permet également de participer à un grand concours un peu particulier… 
Le blog compte aujourd'hui 67 chroniques, et je vous invite à choisir trois livres que vous voudriez gagner parmi ces soixante-sept ouvrages. Suite à un tirage au sort, les trois vainqueurs gagneront chacun l'un des trois livres choisis précédemment. 

A vous la parole ! Et belle rentrée :)



8 juillet 2014

Salmacis : "Tout en toi m'attire, même des choses que tu ignores encore sur toi…"


Faustine et Sasha ont dix-sept ans. Ils sont jumeaux. Et sans famille… ou presque. Inscrits dans un pensionnat d’élite en pleine montagne par leur tante marginale, ils découvrent un monde de sélection et de compétition, aux règles impitoyables. Charmant et sociable, Sasha devient vite populaire, tandis que Faustine reste à l’écart. Jusqu’à ce qu’elle ait une révélation inattendue, lors du choix d’une option sportive : le corps à corps avec la pierre et les rochers, l’escalade, c’est là qu’elle retrouve la sensation de vivre. Surtout lorsqu’elle est couvée par le regard violet d’Andrea Salvaggi, le mystérieux assistant du professeur. Leur lien est plus puissant qu’un simple coup de foudre, ils sont encordés… vers quel sommet ?

En me tendant un exemplaire du livre, l’adorable Lebonbonaucassis (des blog Jeblo et De la plume à lune) m’avait prévenue : « Ce bouquin a reçu des avis tranchés. Soit tu l’aimes, soit tu le détestes ! Avec lui, pas de demi-mesure. » Sans aller jusque là, je sors assez déçue de cette lecture dont j’attendais beaucoup. 

Je vais commencer par vous donner un conseil : pour profiter de ce livre, surtout ne cherchez pas à connaître le mythe de Salmacis. Vraiment ! Férue de mythologie, je savais de quoi il s’agissait, ce qui a annihilé tout suspens… L’auteur mise beaucoup sur ce dernier et je suis donc passée à côté d’une grande partie du récit. Vous voilà prévenus ! 

Je ne sais trop par où commencer. Le style de l’auteur compte pour beaucoup lors d’une lecture, et Emmanuelle de Jesus a choisi pour les dialogues un registre oral qui ne s’embarrasse pas de convenances et qui correspond tout à fait aux âges et aux pensées des protagonistes. Sans faire de puritanisme, j’aurais préféré un langage un peu plus châtié lors des discussions entre les protagonistes : il n’y a évidemment pas d’injures ou de vulgarités (on est chez Hachette tout de même !) mais c’est tout de même familier sur les bords. Néanmoins, pour ce qui n'est pas du dialogue, l'aisance, la fluidité et les références culturelles de cette plume m’ont vraiment plu. 
Parlons à présent de Faustine, héroïne de Salmacis, Faustine, la jumelle de Sasha, Faustine, ce mélange de confiance et de fragilité tellement adolescente... J’ai commencé le livre en me disant qu’elle serait falotte, je le termine en pensant qu’en fait elle a du caractère ! C’est un personnage profondément réel, dans laquelle je me suis retrouvée parfois, vraiment intéressante, mais… je ne m’y suis pas attachée tant que ça. Oui, c'est dommage. Et c’est un peu ce qui s’est passé tout au long du livre : c’était bien mais ça ne m’a pas plu tant que ça. Je ne m’attarderai pas trop sur les personnages, parce que pour être honnête je ne sais pas trop quoi dire, si ce n’est que Faustine se jette vite dans les bras d’Andrea (ou l’inverse ?). Et que, curieusement, ce sont les personnages secondaires les plus intéressants. La grande majorité des protagonistes est nuancée, humaine, et j’ai vraiment retrouvé cette complexité dans les figures du professeur d’escalade ou de la petite amie de Sasha par exemple. 

Pour en revenir à Faustine, la jeune fille est assez subjuguée par le séduisant assistant du professeur pour s’inscrire au cours d’escalade, et c’est ma première déception : le sport est une activité noble puisqu’elle ne paye qu’après des efforts, des chutes et des découragements, et qu’il faut donc une forte dose d’abnégation et de persévérance pour continuer malgré les défaites. Je m’attendais à un parallèle entre l’amour de Faustine pour Andrea et l’escalade, avec des hésitations, de franches avancées, des chutes même, ça aurait été vraiment intéressant. Ou alors c’est moi qui pousse un peu trop loin ? Qui suis trop idéaliste dans ma vision du sport ? Quoi qu’il en soit, Faustine se découvre un talent pour la grimpette et voit à peine passer les difficultés. Bon. Après tout, cette jeune fille manque de confiance en elle et si ces succès lui permettent d’en gagner un peu, c’est cohérent avec le livre, mais j’aurais préféré voir de la progression plutôt que du « tout cuit ». Néanmoins, on assiste à l’ « éclosion » de cette jeune fille effacée qui va faire preuve d’un vrai caractère doublé d’une répartie parfois incisive, en se détachant de son frère jumeau Sasha. Ce changement progressif et très bien raconté est un point fort du roman, même si c’est triste quand on y pense… Malgré ça, cette gémellité fusionnelle voire toxique est vraiment intéressante car c’est assez peu traité dans la littérature jeunesse. On en vient à la carte « famille » : le couple des parents des jumeaux avait l’air incroyable, j’aurais aimé en savoir plus sur eux. L’auteur aborde tout de même ces sujets par le biais de la tante des jumeaux, et j’espère que les parents seront plus évoqués dans les tomes suivants. 
Toujours dans la même veine, on en vient au secret d’Andrea (que je ne dévoilerai pas !). Je suis assez mitigée concernant sa famille : d’un côté elle est unique, intéressante mais chargée d’un lourd fardeau, et de l’autre elle m’a immédiatement rappelé les Cullen, ces vampires « végétariens » sortis de la saga Twilight. J’avoue avoir eu ma période, mais aujourd’hui ce livre ne me plaît plus, d’où cette déception modérée en les « retrouvant ».

Enfin, l’histoire en elle-même est très originale et c’est bien la première fois qu’elle se retrouve sur les rayons jeunesses. Le cadre du récit est lui aussi magnifique avec ce pensionnat au cœur des montagnes, les évènements sont bien amenés malgré certaines parties assez rapides, on retrouve diverses péripéties, les personnages sont variés et tout en nuances, et l’histoire d’amour juste assez impossible saura toucher les cœurs. En fait, ce livre a beaucoup de choses pour lui. Je m’en rend compte en relisant cette chronique : dans ce cas, d’où vient cette déception au sortir de ma lecture ? J’ai terminé ce bouquin en diagonale, déjà parce que nous n’avons le fin mot de l’histoire que dans les dernières pages et que je le connaissais en ouvrant le livre, mais aussi parce que je n’ai pas été si émue par la relation amoureuse entre Andrea et Faustine.

Pour conclure, je dirais que Salmacis a de très bonnes idées, pleines de potentiel, mais qu’elles n’ont pas assez été exploitées, et la romance est tendre mais prévisible. J’espère que les tomes suivants creuseront un peu plus et sauront me toucher !

J’espère n’avoir pas sapé votre désir immodéré de lire ce livre. Le dernier-né de la collection Black Moon a suscité des chroniques dithyrambiques et a conquis les cœurs de centaines de lecteurs, sans parler des éditeurs eux-même ! Ecrire un roman relève de la confiance entre l’auteur et le lecteur, et même s’il ne m’a pas plu au-delà de mes attentes, c'est du beau boulot et il ne me viendrait pas à l’esprit de critiquer le travail de l’auteur ! Félicitations à Emmanuelle de Jesus qui mérite vraiment sa place au sein de la collection Black Moon. 

                                                                                   



L’Élue est le premier tome de la saga Salmacis, écrite par Emmanuelle de Jesus, lauréate du tremplin Black Moon 2014, et parue dans la collection Black Moon aux éditions Hachette Jeunesse le 30 Avril 2014. Il fait 396 pages, coûte 16 € et peut être lu à partir de 13 ans selon Hachette.

13 juin 2014

Je m'appelle Mina - « Il m'a fallu ma vie entière pour apprendre à dessiner comme un enfant. » (Picasso)


- Quatrième de couverture -
«Ecrire sera comme un voyage, chaque mot sera un pas qui m’emmènera vers une terre inconnue », commence à écrire Mina dans son journal. Vivant seule avec sa mère depuis la mort de son père, Mina McKee, neuf ans, nous raconte son histoire. Mais comment pourrait-elle savoir où ses phrases vont la mener ? Perchée dans l’arbre où elle aime grimper, elle se pose beaucoup de questions. Trop, aux yeux des autres, qui la trouvent étrange et même un peu folle. De toute façon, Mina n’a pas besoin des autres. Elle préfère jouer avec les mots comme « archéoptéryx », ou « métempsycose ». Elle a aussi ses idées sur la vie, la mort, ce que l’on devrait apprendre à l’école… Mina osera-t-elle sortir de son monde ? Un jour, du haut de son arbre, elle voit arriver une famille… 


Merci aux éditions Gallimard Jeunesse !

Certains bouquins sont de véritables bouffées d'air frais. C'est le cas de Je m'appelle Mina, le dernier livre de David Almond. Le qualifier de "jeunesse" me semble assez réducteur puisque ce bijou s'adresse aussi bien aux adultes qu'aux enfants. En l'ouvrant, on rencontre Mina, une petite fille perchée sur un arbre la plupart du temps, qui se demande ce qu'est le monde et quelle est sa place au sein de celui-ci. Isolée de ses camarades de classe, l'enfant préfère jouer avec les mots et se poser des questions qu'elle note sur un petit carnet. Au fil des pages on découvre celui des pensées de Mina, qui nous fait voir le monde avec les yeux d'un enfant. Et en ce moment c'est ce dont j'avais besoin - de la poésie, de l'émerveillement, de la simplicité. Pas de niaiserie, pas de fioritures, pas d'ordre non plus, on suit Mina dans les méandres de son esprit ; et elle se fait Ariane, nous guidant dans le labyrinthe complexe des questionnements enfantins qui ne se soucient pas des convenances. 
Le ton est donné, il sera poétique.

Ce livre me paraissait frais et divertissant. Il s'est révélé bien plus que ça ! Et au milieu d'essais complexes et de thriller violents - je pense à Réseau(x) de Vincent Villeminot, le dernier livre lu avant celui d'Almond et dont je ne sais toujours pas dire si je l'ai aimé ou pas. Mon coeur balance plutôt du côté du "Mais qu'est-ce que c'est que c'est ovni dangereusement génial ?" - le point du vue d'un enfant permet de reprendre son souffle et d'avoir un regard neuf et pur.  Pour cette chronique, je n'ai pas envie d'établir un plan de mes pensées, je préfère les laisser jaillir et à peine me relire afin de vous faire part de mon ressenti à brut. Néanmoins, on peut structurer cette avis en plusieurs parties.

Il y a les mots. Mina joue avec eux, savoure leur sonorité, leur sens et les utilise comme elle le veut. L'éditeur a rendu ce jeu plus frappant par une typographie particulière : certains mots sont immenses, d'autres écrits noirs sur blanc. Les mots tiennent une place importante dans ce bouquin dont ils forment l'essence : Mina les rend vivants, nous plonge en leur coeur et ce ne sont plus seulement des vecteurs d'émotions ou des tâches d'encre sur la fibre, non ces mots ont une âme. Ils sont la glaise que l'enfant modèle encore et encore et nous montrent la puissance et la diversité de la langue.

On en vient ensuite à la réflexion. C'est l'immense force des paroles d'enfants, pleines de profondeur et de philosophie. Y a t-il plus sage que l'enfant, qui veut découvrir le monde sans filtre, qui pose inlassablement des questions, qui palpe ce qui l'entoure pour mieux découvrir ? Mina s'interroge sur tout. Elle pose les questions qu'on oublie de poser et les questions qu'on ne se pose plus. Par ses interrogations, elle bouleverse nos pensées : sa voix est forte, percutante et pleine de sens, et cette réflexion va de pair avec la poésie inhérente au livre. Voir le monde avec les yeux de Mina implique de s'émerveiller de tout, de vivre plus intensément. Tout ce que dit Mina est plein de poésie, qu'elle parle de la nuit, d'un oiseau ou de la mort de quelqu'un. J'ai l'impression qu'elle voit plus grand, parce qu'elle regarde mieux et différemment, qu'elle ne s'arrête pas sur un a-priori et qu'elle cherche à comprendre le monde qui l'entoure. Mais attention, cette protagoniste n'est pas infaillible. Et le fait qu'un adulte puisse rendre de manière si réelle les pensées d'un enfant dénote une grande sagesse.


Bien sûr, et même si les pensées de Mina sont tout le livre, David Almond a posé un cadre et une trame, et esquissé d'autres personnages. On s'amuse de l'opposition tenace de l'enfant face à son odieuse institutrice qui veut la couler dans un moule. On est au coeur de la tendre complicité mère-fille et de la vie quotidienne de Mina, rendue unique, précieuse et extraordinaire par l'enfant. La vie est belle. Comprenons-nous vraiment ce que ces mots signifient ? Comprenons-nous que la vie c'est aussi l'écorce de l'arbre, les piaillements d'un merle et les spaghettis pomodoro ? Comprenons-nous que la poésie et la merveille se trouvent ici ? Mina saura nous le montrer.



Vous l'aurez compris, ce livre m'a subjuguée presque de bout en bout - oui, j'ai été un peu lassée à un moment. Mais ça n'a pas empêché le coup de coeur parce ce livre est unique. Mina va vous prendre par la main et vous montrer le monde, et croyez-moi, regardez attentivement. Prêtez l'oreille à ce qu'elle vous dit, parce que les enfants ont autant de choses à nous apprendre que les vieillards. Appliquez ses "Activités hors pistes" qui vont donner un nouveau souffle à votre plume et à votre esprit. Vous allez redevenir un enfant qui s'émerveille de tout, et Dieu que ça fait du bien ! Après coup j'ai compris à qui l'enfant me faisait penser : Mina ressemble au Petit Prince de Saint-Ex, ce bouleversant petit bonhomme qui vient nous ouvrir les yeux et nous faire réfléchir. Ce livre vaut le détour : empruntez son chemin, et tant que vous y êtes, « dansez sous un réverbère et étincelez comme l'étoile que vous êtes ». Ce sera votre première activité hors-piste !

                                  

Je m'appelle Mina est un livre écrit par David Almond et publié le 2 Septembre 2010 sous le titre original de My name is Mina aux éditions Hodder Children's Books. Il fait 320 pages en langue anglaise et 318 en langue française. Il a été traduit de l'anglais par Diane Ménard et est paru le 12 Janvier 2012 aux éditions Gallimard Jeunesse. Il coûte 14,50 euros en format broché et 7 euros dans la collection Folio Junior.


David Almond a grandi au sein d'une grande famille dans une bourgade escarpée au dessus de la rivière Tyne. Il a fait ses études dans les universités de l'East Anglia et du Newcastle en littératures anglaise et américaine. 

Il a été enseignant, postier, portier, a vendu des brosses, a travaillé dans le bâtiment, a été pigiste à la BBC. Dans les années quatre-vingts, il a vécu un an dans une communauté d'artistes et d'écrivains, dans un manoir délabré du Norfolk. C'est là qu'il a rédigé ses premiers récits et qu'il a rencontré sa compagne. 

De 1987 à 1993, il s'est occupé du magazine littéraire "Panurge" qui publiait de la fiction. Puis il s'est retiré pour se consacrer à ses propres travaux d'écriture. 

Paru en 1998, "Skellig" a depuis été traduit en 15 langues et a obtenu plusieurs prix, Whitbread Children's Novel of the Year Award et Carnegie Medal. Skellig est adapté à la TV en 2009 par Annabel Jankel avec Tim Roth dans le rôle titre.

Depuis 2000, il vit avec sa compagne et leur petite fille, Freya Grace à Newcastle. Il dirige des ateliers d'écriture et il donne des conférences dans les écoles. 
(Tiré du site Babelio.fr)

7 juin 2014

Ici et maintenant - Cueille le jour



Voici l'histoire de Prenna James, une jeune fille de dix-sept ans qui a immigré à New York avec sa mère. Mais Prenna ne vient pas d'un autre pays. Elle vient d'une autre époque. Un futur où la vie est devenue impossible, ravagée par une pandémie tuant des millions de gens et laissant le monde en ruines… Prenna et ceux qui ont fui avec elle jusqu'au temps présent doivent se fondre dans la société actuelle en suivant des règles strictes : ne jamais révéler d'où ils viennent, ne jamais interférer dans le cours de l'Histoire et ne jamais, au grand jamais, développer de relations intimes avec quiconque en dehors de la communauté. Mais tout bascule lorsqu'elle tombe amoureuse d'Ethan Jarves. 

Ce résumé ne donne pas très envie. On sent l'histoire maintes fois répétées d'une jeune fille amoureuse d'un garçon qu'il lui est impossible d'aimer sous peine de graves dangers. Mais elle l'aime. Mais ils bravent l'interdit. Point final. 

Ce n'est pas ce que j'ai ressenti en commençant le livre. Je rentrais de voyage quand j'ai découvert sur mon bureau un paquet estampillé Gallimard Jeunesse, que je remercie grandement de leur envoi ! Car ces éditions fantastiques m'ont envoyé non seulement les épreuves non corrigées mais aussi le livre final ! Ma valise était pleine, il était dix heures du soir, j'étais crevée mais j'ai quand même commencé le bouquin parce qu'il me disait bien - non, ce n'est pas paradoxal! - Je l'avais repéré sur le programme Mai-Juin-Juillet de Gallimard Jeunesse et l'idée d'une pandémie à l'origine de cette fuite contrainte formait une trame originale et notable. J'ai donc entamé ce Brashares avec curiosité. Et j'ai très vite reposé ce bouquin - mais pas pour les raisons que vous croyez ! J'ai flairé tout de suite le roman génial, celui qu'il est impossible de lâcher et qui se dévore jusqu'à trois heures du matin - avec une valise à ranger, je devais remettre ma lecture à plus tard. Plus tard ? Un quart d'heure après je replongeai dedans. Sans surprise, je l'ai reposé à deux heures quarante du matin. Mais il m'a fallu deux lectures pour faire cette chronique et la première m'a plus plu que la seconde. 

Mention spéciale pour le livre-objet. Joli packaging, vous ne trouvez pas ?

Une particularité de ce bouquin est qu'Ann Brashares commence par narrer l'histoire du point de vue d'Ethan, oh pas bien longtemps, le temps d'un simple chapitre, avant de donner la parole à Prenna jusqu'à la dernière page. C'est intéressant même si je préfère le point de vue de la jeune fille, qui nous en apprend plus sur la pandémie et l'intégration difficile au monde actuel. La plume de Brashares retranscrit extrêmement bien les pensées adolescentes, comme elle l'avait prouvé dans Quatre filles et un jean. C'est fluide, c'est authentique, c'est tantôt drôle tantôt tragique, et on n'a pas besoin de descriptions minutieuses pour s'imaginer aux côtés des protagonistes ni de longues phrases pour nous faire sourire ou nous émouvoir. C'est vraiment un point fort pour s'immerger dans le récit : une bonne plume, qui se lit avec confiance et plaisir. 

Côté personnages j'ai eu l'agréable surprise de ne pas trouver de triangle amoureux : il existe encore des romans sentimentaux où les personnages n'ont pas le coeur qui balance entre vampire et loup-garou entre deux jeunes gens ! Par contre, rien d'original dans le couple Prenna-Ethan, très prévisible. Mais Prenna est intéressante par ses réflexions et ses pensées et Ethan est très touchant par son amour sincère et son côté timide et assuré à la fois. Ces deux jeunes un peu maladroits ne m'ont pas spécialement marquée mais j'ai passé un bon moment avec eux. J'ai un seul regret mais il vous spoilerait un véritable coup de théâtre, alors je me contenterai de paroles sybillines : j'aurais aimé qu'un personnage reste plus longtemps, pour qu'on puisse mieux s'y attacher. Il était très intéressant et j'aurais aimé en apprendre plus sur lui. Voilà, si vous lisez le livre vous saurez de qui je parle ! 

On entre dans le vif du sujet : le roman gravite autour de deux thèmes, cette romance impossible et une pandémie meurtrière qui a forcé les habitants futurs à fuir leur époque. C'est le point fort du récit, sa note originale. Le fléau ne vient pas directement des hommes, et pourtant, on comprend que si les moustiques transmettent la maladie, c'est l'Homme qui est à l'origine de celle-ci, par son comportement irrespectueux et sa soif intarissable d'énergie. 


Et ça, c'est le message du roman - j'ai tendance à en chercher dans toutes mes lectures en ce moment ! -  Je l'ai trouvé fort. 
Dans son apostrophe aux lecteurs - présente uniquement sur les épreuves non corrigées. Vous voulez que je le recopie ? - , Ann Brashares voulait qu'elle et nous soyons connectés. Et j'ai eu le sentiment fort que dans certains passages, Ann parlait directement. Ce n'était plus ses personnages, c'était vraiment elle qui s'adressait à nous. Ce roman nous fait prendre conscience d'une manière différente que la Terre repose sur un équilibre fragile et que chaque petit geste que nous faisons, chacun de notre côté, a un réel impact. Oui, ça ne change pas beaucoup des discours que nous entendons. Dans ce cas, pourquoi ce message est-il si fort ? Parce que Brashares nous montre l'après

C'est ça, la force du roman : il nous met en garde en nous montrant comment les choses pourraient évoluer. Vous me direz que c'est déjà le cas de dizaines de chansons, poèmes, livres et communiqués officiels et c'est vrai. Mais ce bouquin fait 314 pages et on a le temps de penser, de passer par toute une gamme d'émotions, de s'attacher aux personnages, d'en apprendre plus sur un hypothétique futur, et ce par les yeux d'une personne qui ne connaît pas notre époque, qui s'émerveille de pouvoir manger une mangue juteuse ou de se promener à l'air frais sans danger, tout en critiquant notre inconscience, notre société de consommation insatiable et notre incapacité à vivre le moment présent. Et tout ceci, on le lit on se le prend vraiment en pleine face dans des lettres de Prenna à son jeune frère Julius. Ce sont ces passages d'une page à peine qui m'ont le plus émue et le plus marquée. 


C'est vrai que hors contexte, en les lisant comme ça, ces lettres semblent jouer la carte du mélo. Mais ce n'est pas ce que dégage le livre. Non, on sent plutôt une sorte de joie, d'urgence aussi, et même si j'ai tendance à rendre tout ça très emphatique je pense que ce bouquin a vraiment quelque chose. L'idée d'un personnage extérieur n'est pas nouvelle, on le retrouve déjà dans Micromégas de Voltaire - ça sent encore l'oral de français ! - et pourtant ce thème n'est pas éculé. 

Pour finir, je dirais que si les personnages ne sont pas l'élément marquant de Ici et Maintenant, le dernier Brashares est porté par la plume spontanée de son auteur et par un message fort et actuel. Ce livre a frôlé le coup de coeur. Une bonne découverte !
                                        


Ici et Maintenant est un roman écrit par Ann Brashares et a été publié le 8 Avril 2014 par les éditions Delacorte Press sous le titre The Here and Now. Il fait 242 pages en langue anglaise et 314 en langue française. Le roman a été traduit en français par Vanessa Rubio-Barreau est est paru aux éditions Gallimard Jeunesse le 4 Juin 2014. Il coûte 16,50 euros.


Ann Brashares a grandi aux côtés de ses trois frères à Chevy Chase, dans le Maryland, avant d'étudier la philosophie au Barnard College, une branche de Columbia University à New York. Avant de continuer ses études de philosophie en école supérieure, Ann pris une année afin de travailler comme éditrice dans le but de mettre de l'argent de côté pour son école. Mais l'amour de son travail pris le dessus et elle n'étudia pas en école supérieure, restant à New York et travaillant de nombreuses années comme éditrice. Ann passa ensuite d'éditrice à auteur à plein temps grâce à sa première saga The Sisterhood of the Traveling Pants (Quatre filles et un jean). Ann et son mari vivent à New York avec leurs trois enfants. 
(Librement traduit du site Goodread)

18 mai 2014

Interview - Valentine Watrelot Mingoia : "Il ne faut pas écrire pour écrire, il faut écrire parce qu'on est passionné."



Valentine Watrelot-Mingoia est l'une des plus jeunes auteurs éditée de France et entre deux cours et une signature, elle a accepté de répondre à mes nombreuses questions sur son parcours et son roman "Nikita Ofgold" !

J'ai découvert le projet de Valentine - qui était alors âgée de quatorze ans - en me baladant sur le site de My Major Company. Cette plate-forme de financement participatif avait alors donné vie aux projets de Grégoire (Boissenot, qui a sorti trois albums, Toi + Moi, Le même soleil et Les roses de mon silence), ou encore Irma (Pany, qui a dégainé sa superbe voix soul dans Letter to the Lord et Faces, dans les bacs le 2 Juin 2014), révélés au grand public grâce aux internautes qui ont soutenu leur talent et leur idée. 
Mais le site est aussi un tremplin pour les auteurs, les scénaristes de bandes dessinées ou les artistes et permet également de réaliser des projets de grande envergure tels que la rénovation du Panthéon ou la construction d'écoles. Tout cela avec l'aide des internautes !

J'ai été intriguée par le projet de Valentine, impressionnée par sa motivation, admirative devant son âge et emballée par son imagination. Son parcours est incroyable et c'est un bonheur de voir que son roman a été publié !!

Cette belle histoire rappelle un peu celle de Charles-Antoine Cros (qui est à 14 ans l'auteur des six tomes de la saga Fleur de Lys, publiée aux éditions du Lys Noir) et je vais laisser Valentine vous la raconter… Parce que les récits fantastiques, elle les connaît bien !





La vidéo de présentation de la saga, remarquablement bien faite


PARCOURS JUSQU'À AUJOURD'HUI

Coffee & Books - Bonjour Valentine, merci de répondre à ces questions ! Pour commencer, pourrais-tu te présenter ?
Valentine Watrelot-Mingoia -  Bonjour ! J'ai 15 ans, je suis en 2de au lycée Châtelet de Douai, dans le nord de la France. Je fais du piano, de l'équitation, mais ma passion est avant tout l'écriture ! ;)

C&B - Parlons donc de ta passion. Depuis quand écris-tu ? 
V. W-M - J'ai toujours aimé écrire. Depuis le début du collège, je prends plaisir à rédiger mes rédactions et à inventer de petites histoires. Même avant mon entrée en 6ème, à 10 ans 1/2, j'ai participé à un concours d'écriture local, et je suis arrivée à une honorable place de quatrième (parmi des adultes !), avec une nouvelle intitulée "Les Haricots Bleus". J'avais déjà l'envie d'écrire et une imagination folle !

C&B - C'est impressionnant ! Etait-ce ton premier texte ? Si non, te rappelles-tu du premier livre ou du premier texte que tu as écris ? Qu'il aie été achevé ou non. 
V. W-M - Mon premier roman, c'est bien sûr Nikita. Je me souviens néanmoins d'un récit que j'avais commencé, écrit à la première personne. Il s'intitulait "Renards en danger", et racontait l'histoire de la fille du directeur d'un zoo, qui connaissait le secret des animaux : ils étaient doués de parole. Mais je n'ai écrit que quelques pages pour décrire l'ambiance et l'univers, et je l'ai laissé de côté. Je ne pense pas le reprendre un jour, mais qui sait ! ;)

C&B - C'est bien connu, tous les auteurs ont commencé par lire et ce depuis leur jeunesse. Quels sont les livres qui ont bercé ton enfance ? 
V. W-M Depuis toute petite, même avant de savoir lire, j'ai été abonnée à des magasines jeunesse : Mille et Une Histoire, J'aime Lire, etc. J'ai toujours aimé lire. Vers 6/7 ans, quand j'ai commencé à lire de "grands" livres toute seule, je me suis plongée dans les séries comme Les Fées de l'Arc En Ciel ou La Cabane Magique, bref déjà des histoires qui sortaient de l'ordinaire !  Je n'ai jamais vraiment aimé les récits réalistes, je préfère des histoires qui nous plongent dans un autre univers, qui permettent de s'évader... ;) C'est en 6ème, avec Harry Potter (évidemment ;) ) que j'ai découvert la littérature fantastique/fantasy, et que je n'ai jamais quitté ce domaine. En dehors des lectures obligatoires des cours, je ne lis presque que ça : Tara Duncan, Les Chevaliers d'Émeraude, Percy Jackson, Oksa Pollock... ;)

C&B - Ca doit être magique de voir son roman à côté de ceux-ci à la Fnac ou dans les bibliothèques… J'ai lu que la publication de "Nikita" ne s'est pas faite immédiatement. Pourrais-tu parler des étapes qui ont fait du manuscrit dans un classeur, un roman présent dans toutes les librairies ?
V. W-M J'écris au stylo plume (rose, violet ou vert, jamais bleu, c'est trop banal ! ;) ) sur des copies doubles que je range dans un classeur. Pour un tome, je remplis deux classeurs ! J'ai récemment terminé l'écriture du tome 2, et deux nouveaux classeurs sont pleins ! ;) Une fois l'écriture terminée, je recopie tout sur traitement de texte, ce qui me permet d'effectuer une première correction. Puis commencent les relectures : On lit, on corrige les fautes d'orthographe restantes, on modifie certains passages, on en supprime, on en ajoute... "On", c'est à dire que mes parents, qui me relisent, me suggèrent des modifications, et je les accepte ou pas. Car c'est moi l'auteur, c'est moi qui décide ! ;) Pour le tome 1, il m'a fallu 9 mois pour rédiger et 3 mois pour corriger. Puis on envoie les manuscrits aux éditeurs, et on attend, on attend, on attend... ;) Il faut être très patient et ne pas se décourager !  Finalement, ce sont les Editions Amalthée qui m'ont donné leur accord. Quelle émotion de recevoir le courrier disant que mon livre a été retenu par leur comité de lecture ! ;)

C&B - J'imagine ! As-tu déjà rencontré tes éditeurs ? Ton illustrateur ? 
V. W-MLes Editions Amalthée sont une petite maison Nantaise, et j'habite dans le Nord, je n'ai donc pas pu rencontrer mes éditeurs ni mon illustrateur, mais je corresponds avec eux par téléphone ou par mail.

C&B - Comment se sont faites la publication et la promotion de "Nikita" ?
V. W-MMon éditrice m'a proposé un contrat participatif, c'est-à-dire que je devais financer une partie de la publication. J'ai donc fait appel à My Major Company, où les internautes m'ont généreusement soutenue en contribuant à mon projet ! J'ai donc pu être publiée.
 D'abord, l'éditeur corrige les dernières fautes d'orthographe ou coquilles puis me renvoie le manuscrit avec les dernières modifications à faire, s'il y en a. Enfin, je leur retourne le texte définitivement corrigé, avec la quatrième de couverture que j'ai moi-même rédigée.
C'est la première épreuve.
Ensuite, l'illustrateur me propose une première de couverture, et je lui indique les modifications que je désire appliquer. Il y a ainsi plusieurs échanges jusqu'à ce que ce soit parfait.
Puis, on attend, car l'éditeur a beaucoup de manuscrits à traiter ! On peut demander des nouvelles de l'avancée de la fabrication du livre, et l'éditeur nous donne la date de parution.
Le 18 décembre, (2 jours après la parution) j'ai reçu plus de 215 exemplaires que je devais expédier aux contributeurs de My Major Company. Quelle émotion, encore une fois, et quelle joie, quelle fierté d'avoir son propre roman dans les mains ! :')

 C&B - T'es-tu beaucoup renseignée lorsque que tu t'es tournée vers l'auto-édition ? Pourquoi ce choix ?
V.W-M - D'abord, je voulais une édition ordinaire, à compte d'éditeur. Mais étant une jeune auteure débutante et inconnue (à vous de faire connaître Nikita au plus de monde possible ! ;) ), les grandes maisons comme Flammarion, Gallimard, etc, n'ont pas voulu prendre de risques et ne m'ont pas acceptée. Mais j'ai découvert les éditions Amalthée, qui ne proposent pas une auto-édition, mais disons "moitié-moitié", ;) un contrat participatif qui implique, comme le nom l'indique, la participation de l'auteur. Bien sûr, j'ai hésité, j'ai lu les critiques de la maison d'édition, et je connais certaines personnes dont les ouvrages ont été publiés là et qui en sont ravies. J'ai donc accepté le contrat. ;)

C&B - Comment parviens-tu à combiner cours et séances de dédicaces ? 
V. W-MJe n'ai pas cours le samedi, je peux donc partir en séances de dédicaces. Mais je dois, si la séance commence le matin, annuler mon cours d'équitation ! ;)





L'ACCUEIL DE NIKITA AUPRES DE SES LECTEURS

C&B - Pourrais-tu parler un peu de My Major Company ? 
V. W-M Comme je l'ai dit précédemment, mon éditeur m'a proposé un contrat participatif, je devais donc financer la publication en vendant à l'avance 150 exemplaires du livre.
 J'ai donc eu l'idée, en août 2013, de créer un projet sur My Major Company, site de financement participatif qui permet aux internautes d'aider les artistes (musique, mais pas seulement !) de financer leurs projets (CD, ou même projets patrimoine, et livres ! ;) ).
Sur la page de mon projet, je me suis présentée, j'ai décrit Nikita et son univers, et j'ai mis des extraits du roman à disposition des internautes.
Beaucoup de gens de toute la France, et même des pays francophones et des régions d'outre-mer (jusqu'à Tahiti !) ont été séduits par mon univers, mon style d'écriture et mon jeune âge, et ont montré beaucoup d'enthousiasme ! Je recevais régulièrement des messages de soutien et d'encouragement qui me touchaient énormément ! ;) Grâce à l'aide très généreuse des contributeurs, que je remercie encore et qui ont finalement commandé environ 230 livres (au lieu de 150 ! ;) ), j'ai atteint 400% de la somme que je désirais, ce qui m'a permis de financer mon contrat et d'investir dans les contributions supplémentaires : affiches, photos, marques-pages... l'achat d'autres affiches m'a permis également de faire la promotion dans mon entourage ! ;)

Allez voir le projet de Valentine sur My Major Company !

C&B - As-tu fait lire "Nikita" autour de toi avant de l'envoyer aux maisons d'éditions ? Si oui, quel a été ton premier lectorat ?
 V. W-M J'ai fait lire Nikita à mes parents uniquement, parce qu'ils m'encourageaient et pour qu'ils me donnent des conseils et me corrigent. Ils sont mes correcteurs-relecteurs-premiers fans ! ;)

C&B - Et en as-tu tout de suite parlé à tes ami(e)s ? T'ont-ils aidée dans la rédaction de ton roman (idées, conseils...) ? 
V. W-MBien sûr, tous mes proches étaient au courant que j'écrivais, mais ils ne pouvaient pas vraiment m'aider puisqu'ils ne connaissaient pas l'histoire. Ils m'ont encouragée et soutenue tout au long de mon aventure, je les en remercie beaucoup ! ;)

C&B - Ton professeur de français était-il au courant ?
V. W-MOui, j'en ai parlé à ma professeur de français, mais après avoir envoyé le manuscrit aux éditeurs. Elle m'a encouragée, dit qu'elle était fière de moi et qu'elle le lirait. C'était en 3ème, l'année dernière. Maintenant, mon livre est au CDI de mon ancien collège (et de mon lycée aussi d'ailleurs) ! ;)

 C&B - Tu rencontres souvent tes lecteurs lors de séances de dédicace. Qu'est-ce que ça fait d'être "de l'autre côté de la table" ? As-tu été intimidée ? 
V. W-MÀ chaque fois que j'arrive à une séance de dédicaces,  je suis toujours un peu intimidée parce qu'il n'y a d'abord personne, il faut attendre que les gens arrivent. Je suis ravie d'être de l'autre côté de la table et de pouvoir partager mon univers avec les lecteurs, ou même d'en parler aux clients de la librairie qui passent sans connaître Nikita mais qui s'intéressent très vite à mon univers ! Ce sont toujours de beaux moments ! ;)

C&B - Projettes-tu de faire des signatures dans d'autres régions ? 
 V. W-M -Pour l'instant, aucune séance de dédicaces n'est prévue en dehors de ma région, mais si j'en ai l'occasion, ce serait avec grand plaisir ! ;)

C&B - Comment tes lecteurs (dont les internautes de MMC) t'ont-ils encouragée pendant la rédaction puis la publication de "Nikita" ?
V. W-M - C'est leur enthousiasme qui m'a encouragée : ''J'ai hâte de le lire, je suis sûr(e) qu'il va me plaire !" "C'est super, à ton âge, bravo !'' ; leur étonnement aussi : "tu as 14 ans et tu écris un livre ? Wahou !" ;) ; et mes amis proches qui me disaient "dépêche-toi de finir, je veux le lire !" ;) J'ai toujours été bien entourée et ma motivation n'a jamais faibli. Un grand merci encore à tous ceux qui m'ont soutenue !



 À PROPOS DE TES GOÛTS LITTÉRAIRES 

C&B - Quels sont tes genres littéraires favoris ? 
V. W-MMon genre favori est bien sûr la fantasy, les romans comme Harry Potter, Tara Duncan, Indiana Teller, Les Chevaliers d'Emeraude, etc. ;)

C&B - Et quels sont tes auteurs préférés ? Tes romans préférés ? Tes personnages de livres préférés ? 
V. W-MJe n'ai pas vraiment de préférence, j'aime tous les auteurs, tous les romans et tous les personnages de ce domaine ! ;) Mon coup de cœur, curieusement, n'est pas un roman de fantasy, mais un roman d'amour (je suis romantique...^^) : L'amour dure plus qu'une vie, par l'auteure de 4 filles et 1 jean (Anne Brashare).

C&B - Attention, question difficile ! Si tu devais partir sur une île déserte immédiatement, quels seraient les trois livres (pas plus ;-) ) que tu emporterais ?
V. W-M - Trois romans seulement ? Impossible ! ;) J'essaie quand même de choisir... Tara Duncan 11, La guerre des Planètes (parce que je n'ai toujours pas eu le temps de le terminer, honte à moi !),  ensuite, L'amour dure plus qu'une vie, pour relire mes passages préférés, et le "Guide Pour Survivre Seule Sur Une Ile Déserte Quand On N'a Pas Pu Emporter Toute Sa Bibliothèque". (Je précise que ce livre n'existe pas. ;) ) Mais bien sûr, je me téléporterai régulièrement chez moi pour ramener les deux premiers livres et en prendre deux autres, ainsi je n'en ai jamais plus de trois sur l'île. (Eh oui, je suis rusée haha [rires].)

C&B - Combien y a-t-il de livres dans ta bibliothèque ?
V. W-MEuh... je suis obligée de compter ? ;) Beaucoup ! Tellement que je n'ai pas assez de place pour tous les ranger, je suis donc obligée de les empiler, ce qui ne donne pas une image de moi très ordonnée... on me pardonne ? ;)

À PROPOS DE TON ÉCRITURE ET DE NIKITA

C&B -  À quelle fréquence écris-tu ?
V. W-MJe n'écris pas de façon régulière, je ne m'oblige pas à écrire par exemple chaque jour de 18h à 19h. J'écris quand je suis inspirée, souvent tard le soir (je sais, je devrais me coucher tôt pour ne pas être fatiguée à l'école...), aussi le week-end, et c'est pendant les vacances que j'avance le plus.

C&B - Ecris-tu d'autres types de textes ? D'autres histoires ?
V. W-M Non, je n'écris que Nikita. Enfin si, j'écris les "écritures d'invention" que nous donne parfois la professeur de français, mais ça, ça ne compte pas... ;)

C&B - As-tu parfois le "syndrome de la page blanche" ? Un manque d'inspiration ? Un manque d'envie ?
V. W-MIl m'arrive de manquer d'inspiration, c'est normal, et dans ce cas j'attends qu'elle revienne... il peut se passer plusieurs semaines sans que j'écrive ! C'est souvent parce que j'ai des idées sur ce qui va se passer plus tard dans l'histoire, mais pas au moment précis auquel je suis arrivée dans mon écriture... C'est embêtant ! ;) Le manque d'envie est plus rare, et quand cela m'arrive, c'est parce qu'on me dit  (même si c'est rare) : "Va écrire, avance dans ton tome !" Je n'aime pas écrire sur commande. ;)

C&B - Selon toi, qu'est-ce qu'un auteur ? Un poète ?
 V. W-MUn auteur est une personne qui écrit une histoire, un roman, un essai, un poème, un pièce de théâtre. Un poète est l'auteur de poésies ! ;)

C&B - Quels romans t'ont donné des idées pour Nikita ? 
V. W-MToutes mes lectures de fantasy !

 C&B - En combien de temps as-tu écrit "Nikita" ?
V. W-M L'écriture du tome 1 m'a pris 9 mois, celle du tome 2, près de 2 ans (parce que j'ai commencé immédiatement après avoir fini le tome 1, en août 2012, et j'ai fini en mai 2014 !).

C&B - D'où vient le nom "Nikita Ofgold" ?
V. W-MJ'ai découvert le prénom de Nikita dans un magasine : Nikita était l'héroïne et son amie, Pauline, adorait son prénom. Je me suis mise à l'adorer aussi ! ;) Pour le nom, Ofgold, je voulais quelque chose qui sonnait anglais... Je trouvais que ça "faisait bien".

C&B - Quelle relation as-tu avec tes personnages ? Nikita est une amie, un modèle, un idéal, un peu toi-même ? 
V. W-MMes personnages sont un peu comme de vraies personnes, et je m'identifie à Nikita. Je suis très proches d'eux, et si par exemple je décide que l'un d'entre eux va mourir, je réfléchis longtemps, car j'ai parfois l'impression de tuer un être vivant ! (PS : je vous rassure, je ne suis pas une meurtrière. ;))

C&B - Combien de tomes prévois-tu pour ta saga ?
V. W-M - Je n'ai pas encore défini le nombre exact de tomes, peut-être une dizaine.

C&B -  Que voudrais-tu pour "Nikita" ? As-tu des projets en cours pour ta saga ? 
V. W-MJe voudrais que Nikita soit aimée de ses lecteurs et qu'elle ne se fasse pas tuer par Harald Fulgor... mais il est imprévisible et dangereux. ;) Mes projets sont de continuer à écrire, et de publier toute ma saga ! ;)

C&B -  Quels conseils donnerais-tu à des jeunes qui veulent écrire ou être publiés ?
V. W-M -  Écrire est une passion. Il ne faut pas écrire pour écrire, il faut écrire parce qu'on est passionné. Etre publié est très difficile, et tout le monde ne peut pas y arriver, mais il faut croire en ses rêves et ne jamais se décourager ! Si j'y suis parvenue, pourquoi pas vous ? ;)

C&B - As-tu un dernier mot pour les lecteurs de Coffee & Books ?  
V. W-M - Vous pouvez suivre mes actualités et celles de Nikita sur ma page facebook ou sur mon blog, ou me contacter à l'adresse suivante : nikita.ofgold@gmail.com . 
J'espère vous rencontrer un jour lors d'une de mes séances de dédicaces ! ;)
Poursuivez vos lectures et vos rêves et ne les abandonnez jamais ! ;)
Bises illuminées de magie,
Valentine WM



Merci beaucoup Valentine, et bonne continuation dans la rédaction de ta saga !!! :)


1 mai 2014

Incarceron - Only the man who has known freedom / Can define his prison." [chronique bilingue]


Incarceron, une prison 
à nulle autre pareille : 
elle décide qui doit vivre... 
et qui doit mourir.
Rien ne peut lui échapper.

Finn est prisonnier d'Incarceron, un univers pénitentiaire plein de dangers, de trahisons et de menaces. Il tente par tous les moyens de s'évader.
Claudia, la fille du directeur d'Incarceron, vit à l'Extérieur, dans un royaume figé au XVIIIe siècle. Piégée par une existence qu'elle n'a pas choisie, elle cherche à percer les mystères de la Prison. 
Un jour Finn et Claudia trouvent une clé, qui permet à chacun de communiquer avec l'autre. Alors surgit un espoir, la possibilité d'échapper à un destin tout tracé dont ils ne veulent pas. 

Il y a quelques années, mon oncle m'a offert un livre : j'ai été séduite par sa couverture irisée et son résumé intriguant, mais surtout ce livre était en anglais et je n'avais jamais lu de romans en version originale - une bonne occasion de relever ce défi ! Je m'y suis aussitôt plongée mais la plume raffinée de Catherine Fisher était trop dure pour mon niveau d'alors. J'ai donc reposé ce livre et l'ai laissé de côté quelques années. 
C'était sans compter Marinette, qui m'a permis de de sortir Incarceron de l'oubli et de découvrir un livre unique. Merci beaucoup et pardon du retard de cette chronique ! 

Imaginez un carré de chocolat extra-noir, fin et savoureux, mais tellement intense qu'il faut le manger petit bout par petit bout. Ce carré de cacao, c'est Incarceron

Catherine Fisher a su créer un univers différent et novateur. Une prison. Mais pas n'importe laquelle : une prison si vaste qu'elle forme un monde, si vaste que les hommes ne croient plus à un Extérieur. Incarceron est leur vie, ils y sont enchaînés et grandissent sous l'oeil rouge et cruel de la Prison. Incarceron voit tout, Incarceron sait tout, Incarceron fait disparaître les prisonniers, les terrifie et les tente. Une Prison séductrice et impitoyable où vivent des hommes qui ont oublié qu'il y a des astres et non la froide lueur de l'Oeil, qui ont oublié qu'il y a des arbres faits de fibres et non de métal, qui ont oublié le sens du mot espoir. 
"Sous la terre, les étoiles sont des légendes". 

Pourtant, au coeur de la prison, Finn Starseer sait qu'il n'est pas d'ici. Starseer, "Celui qui voit les étoiles" va entamer un long périple à l'issue incertaine. Dans sa quête sur les pas du légendaire Sapphique, "le seul homme qui se serait jamais échappé", l'accompagnent Keiro à qui il est lié par un serment, Attia qu'il a libéré de la servitude et le Sage Gildas qui est persuadé que, "parce qu'il a des rêves et que dans ses rêves, il voit les étoiles", Finn les guidera dehors. 

Dehors. 

Dehors, il y a le Protocole, cette étiquette stricte qui fige les gens et leur quotidien dans l'Epoque, une ère victorienne reconstituée de toute pièces. "Ils sont enchaînés, pieds et poings liés par le protocole, à un monde vide et immobile où les hommes et les femmes ne peuvent lire, où les avancées scientifiques sont le privilège des riches, où les artistes et les poètes sont condamnés à reproduire indéfiniment et retravailler vainement les chefs-d’œuvres passés. Rien n'est nouveau. Rien n'existe pas. Rien ne change, ne grandit, n'évolue, ne se développe. Le Temps s'est arrêté. le progrès est interdit". 

Dehors, il y a Claudia, l'arrogante fille du Directeur d'Incarceron. 
Claudia, fiancée à Caspar, héritier du trône. 
Claudia, jetée en pâture à une Cour hypocrite et dangereuse, où des complots sont murmurés dans les couloirs sombres.
 Claudia, face à une reine cruelle aux ambitions démesurées. 
Claudia, prise au piège.

"Je me souviens de l’histoire d’une fille au paradis qui un jour
mangea une pomme. Un Sapient la lui avait donnée. Après l’avoir
croquée, elle vit les choses différemment. Les pièces en or se révélaient
être des feuilles mortes. De beaux habits devenaient des toiles
d’araignées. Et elle vit qu’un mur entourait le monde, dont le Portail était
fermé à clé."

Sur le poignet de Finn quelqu'un a tatoué un aigle aux ailes déployées. 
Dans le bureau de son père, Claudia a vu une clef sur laquelle a été ciselé un aigle prêt à l'envol. 
Le seul lien entre Dehors et Dedans. 
Entre Incarceron et l'Extérieur. 

Alors que le mot "sortie" est devenu insignifiant pour les prisonniers, y aurait-il un moyen de s'enfuir ? 

Catherine Fisher a doté ses personnages d'une grande complexité en même temps qu'elle leur offrait pour seul foyer un monde dur et violent - tant physiquement que moralement. A Incarceron comme à l'Extérieur, c'est la loi du plus fort qui prévaut : les plus faibles et les ennemis sont éliminés ou asservis sans état d'âme par des criminels qui tiennent les rennes du pouvoir. Et de chaque côté de cet univers nous suivons des personnages épris de liberté : une sorte de parallélisme s'instaure entre Incarceron et l'Extérieur qui sont deux cages bien différentes mais deux cages tout de même. 
La trame du roman est faite de plusieurs intrigues parallèles et l'auteur a misé sur l'authenticité de ses héros - qui ne sont ni blancs ni noirs - sur une vraie cohérence et une imagination extraordinaire. J'ai aimé ce souci de réalisme qui se retrouve dans les caractères et les actes des héros - pourtant pas toujours reluisants... Il y a vraiment de tout, des rêveurs, des fous, des naïfs, des sages, des innocents, des criminels, des hypocrites, des vantards, des courageux... Si je n'ai pas forcément éprouvé d'amitié pour les héros, j'ai été proche d'eux pendant tout le livre. Qui ne le serait pas ? Il sont si réels que j'avais l'impression d'être à leurs côtés...

Curieusement, on ne sait rien des événements dont découle cet univers bipolaire et ce silence laisse planer le spectre d'un passé trouble - j'espère que nous en saurons plus dans les tomes suivants !
L'idée d'un retour au mode de vie XVIIIème sous le règne de la reine Victoria - qui d'ailleurs n'est pas présente car le roman n'est pas une uchronie mais une dystopie - est aussi originale qu'intéressante, mais Catherine Fisher n'hésite pas à nous montrer que tout cet univers recréé est artificiel. 
On se retrouve donc avec deux héros prisonniers chacun à leur manière d'un système dont il ne peuvent s'échapper. Chacun de leur côté, ils affrontent un ennemi plus fort qu'eux et font face à de nombreux rebondissements, de nouvelles menaces et d'autres questions. Catherine Fisher manie le suspens avec brio jusque dans le final, exceptionnel. (Le passage suivant ne spoile pas mais il donne un élément de ce fameux final... Vous pouvez tout à fait passer au suivant si vous préférez ne rien savoir avant d'avoir lu le livre) J'ai été très surprise et pourtant en y repensant, il était très possible. Je n'irais pas jusqu'à envisageable, non, ça il fallait vraiment y penser. Impensable, on n'est pas loin. Mais très possible. Puisque cette révélation n'est faite qu'à la fin, je suis sûre qu'on en saura plus au prochain volume, et j'ai hâte de lire les explications sur ce coup de théâtre...

Ce premier tome laisse présager une romance entre les deux principaux protagonistes mais il la met au second plan au profit de la quête de Finn et des tourments de Claudia, grâce à des chapitres alternant Prison et Extérieur. C'est une approche intéressante et ça fait du bien de lire enfin un livre où les héros ne se tombent pas dans les bras dès le premier échange... On a également l'impression de vivre au rythme du livre. Je regrette simplement que la narration traîne un peu parfois et que l'auteur n'aie pas plus parlé des prisonniers et de leur vie quotidienne

Ce livre est aussi porté par une narration exceptionnelle, poétique - et nimbée de cette obscure clarté qui tombe des étoiles... Les mots de Catherine Fisher sont réfléchis, philosophiques parfois et ses idées sombres mais originales. J'ai lu certains passages à voix haute pour mieux savourer la sonorité des mots et leur intensité. Sans l'avoir lu en français, j'espère que la traductrice d'Incarceron a rendu l'élégance qui émane de la plume - d'aigle ? - de Catherine Fisher. 

Grâce à une écriture somptueuse et à de bonnes idées, grâce à la noirceur de son univers dystopique et à la complexité de ses personnages, Catherine Fisher dépeint avec justesse et talent une société futuriste divisée, où l'espoir subsiste malgré le doute et la cruauté. Incareron vous emmène là où vous n'avez jamais mis les pieds à un rythme un peu lent sur les bords, mais qui ne gêne pas la lecture - et ce n'est que mon avis, sachant que cette lenteur est en partie due à la langue anglaise, qui a parfois été une barrière. Manque d'habitude ! Et puis ce livre est tout de même riche en rebondissements. Ce livre a frôlé le coup de cœur et je suis persuadée qu'il l'aurait été si la langue anglaise ne m'avait pas rebuté de temps à autres. Quoi qu'il en soit, je vais me mettre plus souvent à la VO afin de découvrir d'autres pépites - bien sombres tout de même - comme celle-ci !



Incarceron is a prison unlike any other: Its inmates live not only in cells, but also in metal forests, dilapidated cities, and unbounded wilderness. The prison has been sealed for centuries, and only one man, legend says, has ever escaped. 
Finn, a seventeen-year-old prisoner, can’t remember his childhood and believes he came from Outside Incarceron. He’s going to escape, even though most inmates don’t believe that Outside even exists. 
And then Finn finds a crystal key and through it, a girl named Claudia. Claudia claims to live Outside—her father is the Warden of Incarceron and she’s doomed to an arranged marriage. If she helps Finn escape, she will need his help in return. 
But they don’t realize that there is more to Incarceron than meets the eye. Escape will take their greatest courage and cost far more than they know. 
Because Incarceron is alive. 

A few years ago, my uncle offered me a book : I was seduced  by its iridescent cover and its intriguing summary, what's more it was in english and I had never read books in their original version - a good opportunity to meet the challenge ! I got absorbed in the book but the refined quill of Catherine Fisher was too hard for my level at that time. Thus I put it back and forgot it a few years before Marinette proposed me a Common Reading which allowed me to pull it from oblivion and to discover a unique book. Thank you really much and please forgive my delay !

Imagine a square of extra-dark chocolate, fine and tasty, but so intense it must be eaten small piece by small piece. This cocoa square is Incarceron.

Catherine Fisher attempted to create a different and novator universe. A prison. But a prison "unlike any others", so vast that it has become a world, so vast that men do not believe anymore that Outside exists. Incarceron is their life, they're chained to it and they grow up under its eye. Incarceron watches everything, Incarceron knows everything, Incarceron makes prisoners disappear, terrifies them and tempts them. A seductive and merciless Prison where live men who have forgotten that celestials exists beyond the cold light of the Eye, who have forgotten that trees made of fibers rather than metal exists, who have forgotten the meaning of the word hope.

“Underground, the stars are legend.” 

Nevertheless, at the heart of the prison, Finn Starseer knows he's not from there. Starseer, "The one who see the stars", is about to begin a long trip in an uncertain outcome. In his quest on the steps of the legendary Sapphique, the "only man, legend says, (who) has ever escaped", Finn will be joined by his oathbrother Keiro, by Attia who had been freed by him and by the wise Sapient Keiro who is persuaded that "“Because he has dreams and in those dreams he sees the stars”, Finn will guide them outside.
Outside.

Outside is Protocol, this strict Etiquette which freezes people and their everyday life in the Era, a entirely reconstituted victorian Period.

We are chained hand and foot by protocol, enslaved to a static, empty world where men and women can’t read, where the scientific advances of the ages are the preserve of the rich, where artists and poets are doomed to endless repetitions and sterile reworking of past masterpieces. Nothing is new. New does not exist. Nothing changes, nothing grows, evolves, develops. Time has stopped. Progress is forbidden”

Outside is Claudia, the proud daughter of Incarceron's Warden.
Claudia, bethroted to Caspar, the heir of the crown.
Claudia, headlong into the tulmut of  a hypocrite and dangerous Royal Cour, where plots are murmured in dark lanes. 
Claudia, facing a cruel queen and her disproportionate ambitions.
Claudia, trapped.

I remember a story of a girl in Paradise who ate an apple once. Some wise Sapient gave it to her. Because of it she saw things differently. What had seemed gold coins were dead leaves. Rich clothes were rags of cobweb. And she saw there was a wall around the world, with a locked gate.”

On Finn's wrist someone has tatooed a displayed-winged eagle.
In her father's office, Claudia has found a key on which was chiselled a eagle, ready to take off.
The only link between Inside and Outside. 
Between Incarceron and the Outside. 

Even if the word "exit" has no more meaning to the prisoners, could there be a way out ?

Catherine Fisher has endowed her characters of a great complexity while she offered them, by way of a home, a hard and violent world - both physically and morally. In Incarceron as in Outside, the law of the strongest prevail : the weakest and the enemies are killed or enslaved without mood by criminals who hold the reins of power. And on either side of this universe we follow characters smitten with freedom : a sort of parallelism is established between Incarceron and the Outside, which are different cages but still cages.

The book's weft is made of differents parallel intrigues and the author has bet on the authenticity of her characters - who aren't neither white nor black -, on a real coherence and on an extraordinary imagination. I have loved this concern of realism which can be found in the personnality and the acts of the protagonists - nevertheless not always shiny... There is of everything, dreamers, mad men, innocents, wise men, criminals, hypocrites, boasters, brave men... Even if I have not particularely experienced friendship for the heroes, I had felt close to them during the whole book. Who wouln't have ? They're so real I could have almost touched them... 

Curiosly, we know nothing about the past events from which ensues this bipolar world. This silence lets guess the specter of a shady past - I hope we'll know more of it the the sequel ! 
The idea of a return to the way of life under Queen Victoria's - which is not alive in the story, for the book is not an uchrony but a dystopy - is as original as interesting, but Catherine Fisher does not hesitate to show us the artificiality of this re-created world.

Thus we find ourselves with two imprisoned heroes, each one in its own way, of a system they can't escape to. Each of them must face an ennemy more powerful than them et fronts many new developments, news threats and new questions. Catherine Fisher handle the suspense brilliantly to the unbelivable final. (careful, the next passage does not spoil the end but it gives an element of that incredible final .. If you don't want to know anything before you read the book, I suggest you to surrender in the next passage) I have been very surprised by it but when I have thought about it after blow it was really credible. I would not say probable, no, it was too... unimaginable (sorry for the paradox !). Unimaginable, but conceivable. And because we discover it at the very end, I'm looking forward to discovering the next book and to reading the explanations on that awesome twist !

This first volume lead to predict a romance between the two major characters but it assigns secondary importance to it and focuses on Finn's quest and Claudia's tortments, thanks to chapters alternating Prison and Outside. It's so good to read a book in which the two heroes don't fall in love immediatly ! Morevoer, we have the impression to live at te rate of the book. I just regret the slowness of the story from times to times and the fact that the author has not deepen the prisoners and their everyday life in Incarceron. 

This books is enhanced by an extraordinairy and poetic quill - and halo with that dark brightness which falls from the stars... Catherine Fisher's words are reflexive and her ideas are dark but original. 
I have read some verses out loud to savor better the tone and the intensity of the words. Without reading it in french, I do hope the translator of Incarceron has passed on the elegance which emanate from Fisher's -eagle's ? - quill.

Thanks to a luxurious writing and to good ideas, thanks to the darkness of her dystopic universe and to the complexity of her characters, Catherine Fisher depicts with correctness and talent a furturistic and divided society where hope remains despite the doubt and the cruelty. Incarceron brings you to a place where you have never set foot in a slow rhythm around the edges, but which does not disrupt the reading - and it's only my opinion, for the english language has been a barrier from times to times. Lack of custom ! What's more, they're a lot of new develoments.This book has brushed against the favourite and I'm sure it would have been it if I had understood english better .
Be that as it may, I'm going to read more in OV in order to discover new nuggets - dark ones all the same... - like this one !

                                              



Le premier tome d'Incarceron, écrit par Catherine Fisher a été publié en langue anglaise le 3 Mai 2007 chez Hodder Children's Books. Il fait 458 pages en anglais, coûte $17.99 et a été récompensé par de très nombreux prix.

Il est paru en France sous le titre Incarceron le 3 Juin 2010 aux éditions Pocket Jeunesse et a été traduit par Cécile Chartres. Il fait 504 pages et coûte 14,50 €. PKJ conseille de le lire à partir de 13 ans.

Tiré et traduit du site officiel de la saga
Catherine Fisher is the New York Times bestselling author of Incarceron. She is “one of today’s best fantasy writers” according to the London Independent. An acclaimed novelist and poet, she has written many fantasy books for young people, including The Oracle Prophecy series. Incarceron was named by the London Times as the Best Children’s Book of the Year, and has received five starred reviews in the United States. Ms. Fisher lives in Wales.



Catherine Fisher est l'auteur d'Incarceron, bestseller du New York Times.. Elle est l'"une des meilleures auteurs de fantasy actuels" selon le London Independent. Nouvelliste et poète reconnue, elle a écrit de nombres livres de fantasy pour la jeunesse, dont la saga La Prophétie de l'Oracle. Incarceron a été nommé par le London Times dans la catégorie Meilleur Livre Jeunesse de l'Année et a été acclamée par cinq critiques étoilées, parmi les autres critiques dithyrambiques reçues aux Etats-Unis. Mme Fisher vit à Wales.


Catherine Fisher parle de sa saga


La vidéo de présentation d'Incarceron



○ Le site Internet d'Incarceron, un vrai bijou artistique qui nous en apprends plus sur l'univers d'Incarceron (en anglais)
○ Incarceron est le premier tome d'un diptyque composé de Incarceron, Sapphique (en France : Le cygne noir). Cette pourrait être conclue par un troisième volume pas encore parut, mais c'est assez flou.

○ Une adaptation du livre est prévue, avec Taylor Launter (Twilight, Identité Secrète) et Emma Watson (Harry Potter, Le Monde de Charlie, The Bling Ring, Noé) dans les rôles de Finn et Claudia.
Bien qu'on ne sache presque rien de ce film, les données circulant sur la Toile parlent d'une adaptation par John Palermo (X-Men: The Last Stand, Drive, Wolverine) pour le compte des 20th Century Fox. Quant à la date de sortie, elle était prévue pour... 2013. Affaire à suivre.
Pour ma part, je rêve d'une adaptation par Christopher Nolan, réalisteur d'Inception notamment. Les labyrinthes, il connaît bien ! Quant à Taylor Launter, j'avoue ne pas le voir du tout en Finn. Pas du tout. Emma Watson encore, mais Finn ne me paraissait pas comme ça...

Livre lu en tandem
Découvrez ici la chronique de Marinette, du blog Les lectures de Marinette

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